Booba de son vrai nom Ălie Yaffa, est un rappeur français nĂ© d'un pĂšre sĂ©nĂ©galais et d'une mĂšre française, le 9 dĂ©cembre 1976 Ă Boulogne-Billancourt dans le dĂ©partement des Hauts-de-Seine. Il utilise Ă©galement les pseudonymes B2O ou B2OBA.
Apocalypse 411 PDV2017 Seigneur notre Dieu, tu es digne de recevoir la gloire, lâhonneur et la puissance. Câest toi qui as créé toutes choses, tu as voulu quâelles existent, et elles ont Ă©tĂ© créées. »PDV2017 Parole de Vie 2017Plans de lecture et de mĂ©ditation gratuits en rapport avec Apocalypse 411Monsalut jamais dans la fuite, avant d'm'Ă©teindre, faut m'dĂ©brancher. J'aime le parfum qu'elle met tout l'temps, j'aime bien son dĂ©hanchĂ©. J'vais crĂ©er une appli' pour la niquer, j'vais l'auto-financer. [Booba] J'aime le parfum qu'elle met tout l'temps donc j'lui mets ça mais j'l'embrasse pas.
STEFANIA ROUSSELLE POUR LE MONDE » L'Ă©poque Au p'tit bonheur PubliĂ© le 11 juin 2022 Ă 11h00 - Mis Ă jour le 29 juin 2022 Ă 11h46 RĂ©servĂ© Ă nos abonnĂ©s TĂ©moignagesPour cette sĂ©rie, la journaliste et rĂ©alisatrice Stefania Rousselle part sur les routes de France, avec une question simple Comment allez-vous ? ». Cette semaine, Pierre Vivier, 75 ans, pĂȘcheur Ă la retraite. Il vit Ă OrĂ©e-dâAnjou, en Maine-et-Loire. Mon pĂšre Ă©tait pĂȘcheur. Il ramassait des anguilles dans la Somme. La pĂȘche, y avait que ça qui comptait. A 8 ans, jâavais dĂ©jĂ le droit de partir seul en bateau. Mais dans la Somme, la location des parcelles de pĂȘche a commencĂ© Ă coĂ»ter cher. On pouvait pas suivre, fallait quâon dĂ©mĂ©nage. On est partis du cĂŽtĂ© de la Loire, Ă Ancenis. Ma mĂšre, elle me disait, pleine dâespoir Ah, tu vas pas faire comme nous. Tu vas pas tirer le diable par la queue, tu vas tâen sortir, dans la vie. » Et puis, ça marchait pas mal Ă lâĂ©cole pour moi. JâĂ©tais pas un crack, mais jâapprenais assez bien. Jâai mĂȘme eu mon brevet, câĂ©tait un miracle pour lâĂ©poque. Mais y avait que la pĂȘche qui mâintĂ©ressait. Et, Ă 16 ans et demi, mon pĂšre mâa dĂ©clarĂ© Ă la MutualitĂ© sociale agricole. Ma mĂšre aussi mâa donnĂ© son feu vert. Pour mon premier saumon pĂȘchĂ©, elle mâa offert le disque Tous les garçons et les filles, de Françoise Hardy. Jâai cotisĂ© pendant cinquante-quatre ans. Je vais avoir 76 ans. Jâai pas une grosse retraite, mais elle est mieux que certains. Y a mĂȘme des gens dâun certain niveau qui mâont remis un fanion personnalisĂ© lâannĂ©e derniĂšre, pour ma longue carriĂšre. Les gens du Lions Clubs. Câest Thierry-Yves Babin, le vĂ©tĂ©rinaire de mon chien Houpette, qui me lâa donnĂ©. Je suis fier du mĂ©tier que jâai fait. Et ça a Ă©tĂ© vraiment dur pour moi dâarrĂȘter, jâĂ©tais tellement triste que jâen ai fait un infarctus. Ma vie, elle avait du sens parce que je pĂȘchais. Mais pas seulement. Câest aussi grĂące Ă Monique. On sâest toujours drĂŽlement aimĂ©s. Je lâai rencontrĂ©e en 62. Non, en 63. Ou en 61 peut-ĂȘtre ? CâĂ©tait lâĂ©tĂ©. Et lâĂ©tĂ©, on entretenait nos bateaux. Fallait les goudronner, les coaltarer pour lâhiver. JâĂ©tais en train de peindre un des bateaux quand jâai vu une fille arriver avec sa mĂšre pour laver le linge. Son grand-pĂšre, PĂ©pĂ©, travaillait avec moi sur le bateau et ils ont discutĂ©. Elle Ă©tait belle. Elle portait une robe. On est tout de suite tombĂ©s amoureux. Elle habitait de lâautre cĂŽtĂ© de la Loire, alors, le matin, je prenais ma barque, jâallais la chercher en face et je lâemmenais Ă lâusine de confection de sous-vĂȘtements oĂč elle travaillait. Et puis, le soir, je la ramenais. Comme elle Ă©tait jamais montĂ©e sur une Mobylette, je lui prĂȘtais la mienne pour quâelle fasse des tours avec sa sĆur, Babeth. Porte-Ă -porte Jâai dĂ» partir faire mon service militaire en Allemagne. Je lui Ă©crivais tous les jours. Au bout de six mois, jâai eu droit Ă une perm, et on a mis un petit en route, un petit gars. Alors Ă mon retour, on sâest mariĂ©s. Il vous reste de cet article Ă lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s.Pourvuqu'elle vienne. Peu importe qu'ils me HaĂŻssent, Pourvu qu'elles m'aiment ! Prends mon phone et mon e-mail j'ai du gel, de la crĂšme je veux que tu vienne, je veux que tu reviennes ! Ne
Return to the blog of aurelien-du-mans Add this video to my blog putain elle déchire!!!! Posted on Wednesday, 10 June 2009 at 443 PM Comments Hearts Remix Comment Don't forget that insults, racism, etc. are forbidden by Skyrock's 'General Terms of Use' and that you can be identified by your IP address if someone makes a in SiiSiika-72, Posted on Thursday, 10 December 2009 at 116 PM Bizz jtadore fort aurelien SiiSiika-72, Posted on Thursday, 10 December 2009 at 116 PM ^^ SiiSiika-72, Posted on Thursday, 10 December 2009 at 116 PM la klasse RSS
Peuimporte qu'ils me haĂŻssent, pourvu qu'elles m'aiment. Prend mon phone et mon e-mail. J'ai du gel ou de la crĂšme. Je veux que tu viennes, tu veux que je revienne, ne me dis pas que tu7 FĂ©vrier 2018 Câest dans sa comĂ©die Les idĂ©es de Madame dâAubray quâAlexandre Dumas Fils a fait dire Ă son personnage cette petite phrase qui est proposĂ© Ă notre expertise » philosophique. Tout dâabord, il sâagit dâune phrase au mode impĂ©ratif qui commence par un il faut aimer » pour terminer par un pourvu quâon aime ». Ensuite, il y a cette singuliĂšre succession du nâimporte qui, nâimporte quoi et nâimporte comment. Du coup, cette phrase vaut par la tension paradoxale entre son mode impĂ©ratif qui renvoie au devoir et le nâimporte qui, quoi et comment qui suggĂšre plutĂŽt lâanarchie. Cette assertion sâinscrit ainsi dans le prolongement du mot cĂ©lĂšbre de saint Augustin Aime et fais ce que tu veux »⊠Cette phrase sonne aussi comme un appel vibrant Ă la libertĂ© amoureuse par-delĂ toute hiĂ©rarchisation de lâamour. Elle fait Ă©trangement Ă©cho Ă lâouvrage du philosophe utopiste Charles Fourier Vers la libertĂ© en amour. Fourier dĂ©veloppe dans son essai une vision libertaire et intĂ©grale de lâamour refusant toute hiĂ©rarchisation arbitraire entre ce qui serait digne dâĂȘtre aimĂ© et ce qui ne le serait pas. Il sâagit dâune part, dâune vision du monde qui Ă©rige lâamour en bien suprĂȘme et dâautre part, qui refuse toute hiĂ©rarchisation au sein de lâamour. Pour monsieur Fourier comme pour madame Aubray, il f aut tout aimer et de la maniĂšre que lâon veut. Le philosophe et la dame de salon se rejoignent dans leur Ă©loge vibrant de ce quâil convient dâappeler lâamour intĂ©gral. En bon socialiste Ă©vangĂ©lique, Fourier nâhĂ©site pas Ă concilier pour lâamour les valeurs collectivistes et altruistes, puisquâil soutient une forme de communisme Ă©rotique oĂč lâon peut tout partager, y compris son partenaire amoureux. Les phalanstĂšres » fouriĂ©ristes Ă©tablis aux Etats-Unis Ă la fin du 19e siĂšcle serviront de modĂšles aux communautĂ©s hippies du 20e siĂšcle. LâidĂ©al hippie rejoint en grande partie lâidĂ©al fouriĂ©riste dâamour intĂ©gral avec la libĂ©ration sexuelle, lâĂ©galitĂ© pour les femmes, le pacifisme et lâamour de la nature⊠Sur le plan psychologique, câest incontestablement les idĂ©es de Wilhelm Reich qui se rapprochent le plus de la phrase dâAlexandre Dumas fils. Le psychanalyste dissident de Freud a reprochĂ© Ă son maĂźtre de rester prisonnier de ses prĂ©jugĂ©s bourgeois Ă propos du sexe. Si Reich a saluĂ© le gĂ©nie de Freud qui a vu dans la frustration sexuelle la cause principale des nĂ©vroses, il a regrettĂ© que ce dernier maintienne la hiĂ©rarchie entre ce quâon peut et ce quâon ne peut pas faire en matiĂšre de sexe. La thĂ©orie reichienne de lâĂ©nergie orgonique constitue un vĂ©ritable pansexualisme qui Ă©rige le sexe en Dieu. Reich est mort dans une prison amĂ©ricaine aprĂšs avoir Ă©tĂ© condamnĂ© pour exercice illĂ©gal de la mĂ©decine et abus sexuel sur ses patientes, le rapport sexuel Ă©tant intĂ©grĂ© Ă sa thĂ©rapie⊠Aujourdâhui, câest le mouvement Ecosexuel qui me paraĂźt le mieux incarner cette phrase Il faut aimer nâimporte qui, nâimporte quoi, nâimporte comment, pourvu quâon aime ». Ce mouvement anglo-saxon prĂŽne lâamour de la terre avec lâencouragement Ă des actes Ă©rotiques avec la nature telles les caresses de la pelouse avec les pieds nus ou lâenlacement des arbresâŠSi les Ecosexuels prĂȘtent Ă sourire, câest moins le cas pour le philosophe australien Peter Singer qui cautionne la zoophilie sous le prĂ©texte dâune libertĂ© sexuelle Ă©largie⊠Jean-Luc BerletCafĂ©-philo du 5 fĂ©vrier 2018. CafĂ© philo pourquoi faire? la philosophie populaire! Comment commencer?Parolesde la chanson Pourvu Qu'Elles M'Aiment par Booba Jambes croisĂ©es derriĂšre ton bureau Tu m'Ă©coute, dĂ©croise les jambes douc'ment, Laisse fuir quelques gouttes, Tu sens que je suis dur, que j'ai fait de la route, Tu crois que je suis tendre mais, mais tu as quelques doutes En effet je suis un thug un drole d'animal, ACTE SECOND. Le théùtre reprĂ©sente la chambre dâArgan. ScĂšne I. CLĂANTE, TOINETTE. toinette, ne reconnoissant pas ClĂ©ante. Que demandez-vous, monsieur ? clĂ©ante. Ce que je demande ? toinette. Ah ! ah ! câest vous ! Quelle surprise ! Que venez-vous faire cĂ©ans ? clĂ©ante. Savoir ma destinĂ©e, parler Ă lâaimable AngĂ©lique, consulter les sentiments de son cĆur, et lui demander ses rĂ©solutions sur ce mariage fatal dont on mâa averti. toinette. Oui ; mais on ne parle pas comme cela de but en blanc Ă AngĂ©lique il faut des mystĂšres, et lâon vous a dit lâĂ©troite garde oĂč elle est retenue ; quâon ne la laisse ni sortir, ni parler Ă personne ; et que ce ne fut que la curiositĂ© dâune vieille tante qui nous fit accorder la libertĂ© dâaller Ă cette comĂ©die, qui donna lieu Ă la naissance de votre passion ; et nous nous sommes bien gardĂ©es de parler de cette aventure. clĂ©ante. Aussi ne viens-je pas ici comme ClĂ©ante, et sous lâapparence de son amant ; mais comme ami de son maĂźtre de musique, dont jâai obtenu le pouvoir de dire quâil mâenvoie Ă sa place. toinette. Voici son pĂšre. Retirez-vous un peu, et me laissez lui dire que vous ĂȘtes lĂ . ScĂšne II. ARGAN, TOINETTE. argan, se croyant seul, et sans voir Toinette. Monsieur Purgon mâa dit de me promener le matin, dans ma chambre, douze allĂ©es et douze venues ; mais jâai oubliĂ© Ă lui demander si câest en long ou en large. toinette. Monsieur, voilĂ un⊠argan. Parle bas, pendarde ! tu viens mâĂ©branler tout le cerveau, et tu ne songes pas quâil ne faut point parler si haut Ă des malades. toinette. Je voulois vous dire, monsieur⊠argan. Parle bas, te dis-je. toinette. Monsieur⊠Elle fait semblant de parler. argan. HĂ© ? toinette. Je vous dis que⊠Elle fait encore semblant de parler. argan. Quâest-ce que tu dis ? toinette, haut. Je dis que voilĂ un homme qui veut parler Ă vous. argan. Quâil vienne. Toinette fait signe Ă ClĂ©ante dâavancer. ScĂšne III. ARGAN, CLĂANTE, TOINETTE. clĂ©ante. Monsieur⊠toinette, Ă ClĂ©ante. Ne parlez pas si haut, de peur dâĂ©branler le cerveau de monsieur. clĂ©ante. Monsieur, je suis ravi de vous trouver debout, et de voir que vous vous portez mieux. toinette, feignant dâĂȘtre en colĂšre. Comment ! quâil se porte mieux ! cela est faux. Monsieur se porte toujours mal. clĂ©ante. Jâai ouĂŻ dire que monsieur Ă©toit mieux ; et je lui trouve bon visage. toinette. Que voulez-vous dire avec votre bon visage ? Monsieur lâa fort mauvais ; et ce sont des impertinents qui vous ont dit quâil Ă©toit mieux. Il ne sâest jamais si mal portĂ©. argan. Elle a raison. toinette. Il marche, dort, mange et boit tout comme les autres ; mais cela nâempĂȘche pas quâil ne soit fort malade. argan. Cela est vrai. clĂ©ante. Monsieur, jâen suis au dĂ©sespoir. Je viens de la part du maĂźtre Ă chanter de mademoiselle votre fille ; il sâest vu obligĂ© dâaller Ă la campagne pour quelques jours ; et, comme son ami intime, il mâenvoie Ă sa place pour lui continuer ses leçons, de peur quâen les interrompant, elle ne vĂźnt Ă oublier ce quâelle sait dĂ©jĂ . argan. Fort bien. Ă Toinette. Appelez AngĂ©lique. toinette. Je crois, monsieur, quâil sera mieux de mener monsieur Ă sa chambre. argan. Non. Faites-la venir. toinette. Il ne pourra lui donner leçon comme il faut, sâils ne sont en particulier. argan. Si fait, si fait. toinette. Monsieur, cela ne fera que vous Ă©tourdir ; et il ne faut rien pour vous Ă©mouvoir en lâĂ©tat oĂč vous ĂȘtes, et vous Ă©branler le cerveau. argan. Point, point jâaime la musique ; et je serai bien aise de⊠Ah ! la voici. Ă Toinette. Allez-vous-en voir, vous, si ma femme est habillĂ©e. ScĂšne IV. ARGAN, ANGĂLIQUE, CLĂANTE. argan. Venez, ma fille. Votre maĂźtre de musique est allĂ© aux champs ; et voilĂ une personne quâil envoie Ă sa place pour vous montrer. angĂ©lique, reconnoissant ClĂ©ante. Ah ciel ! argan. Quâest-ce ? DâoĂč vient cette surprise ? angĂ©lique. Câest⊠argan. Quoi ! qui vous Ă©meut de la sorte ? angĂ©lique. Câest, mon pĂšre, une aventure surprenante qui se rencontre ici. argan. Comment ? angĂ©lique. Jâai songĂ© cette nuit que jâĂ©tois dans le plus grand embarras du monde, et quâune personne, faite tout comme monsieur, sâest prĂ©sentĂ©e Ă moi, Ă qui jâai demandĂ© secours, et qui mâest venue tirer de la peine oĂč jâĂ©tois ; et ma surprise a Ă©tĂ© grande de voir inopinĂ©ment, en arrivant ici, ce que jâai eu dans lâidĂ©e toute la nuit. clĂ©ante. Ce nâest pas ĂȘtre malheureux que dâoccuper votre pensĂ©e, soit en dormant, soit en veillant ; et mon bonheur seroit grand sans doute, si vous Ă©tiez dans quelque peine dont vous me jugeassiez digne de vous tirer, et il nây a rien que je ne fisse pour⊠ScĂšne V. ARGAN, ANGĂLIQUE, CLĂANTE, TOINETTE. toinette, Ă Argan. Ma foi, monsieur, je suis pour vous maintenant ; et je me dĂ©dis de tout ce que je disois hier. Voici monsieur Diafoirus le pĂšre et monsieur Diafoirus le fils, qui viennent vous rendre visite. Que vous serez bien engendrĂ©[1] ! Vous allez voir le garçon le mieux fait du monde, et le plus spirituel. Il nâa dit que deux mots, qui mâont ravie ; et votre fille va ĂȘtre charmĂ©e de lui. argan, Ă ClĂ©ante, qui feint de vouloir sâen aller. Ne vous en allez point, monsieur. Câest que je marie ma fille ; et voilĂ quâon lui amĂšne son prĂ©tendu mari, quâelle nâa point encore vu. clĂ©ante. Câest mâhonorer beaucoup, monsieur, de vouloir que je sois tĂ©moin dâune entrevue si agrĂ©able. argan. Câest le fils dâun habile mĂ©decin ; et le mariage se fera dans quatre jours. clĂ©ante. Fort bien. argan. Mandez-le un peu Ă son maĂźtre de musique, afin quâil se trouve Ă la noce. clĂ©ante. Je nây manquerai pas. argan. Je vous y prie aussi. clĂ©ante. Vous me faites beaucoup dâhonneur. argan. Allons, quâon se range les voici. ScĂšne VI. MONSIEUR DIAFOIRUS, THOMAS DIAFOIRUS, ARGAN, ANGĂLIQUE, CLĂANTE, TOINETTE, LAQUAIS. argan, mettant la main Ă son bonnet, sans lâĂŽter. Monsieur Purgon, monsieur, mâa dĂ©fendu de dĂ©couvrir ma tĂȘte. Vous ĂȘtes du mĂ©tier vous savez les consĂ©quences. monsieur diafoirus. Nous sommes dans toutes nos visites pour porter secours aux malades, et non pour leur porter de lâincommoditĂ©. Argan et monsieur Diafoirus parlent en mĂȘme temps. argan. Je reçois, monsieur, monsieur diafoirus. Nous venons ici, monsieur, argan. Avec beaucoup de joie, monsieur diafoirus. Mon fils Thomas et moi, argan. Lâhonneur que vous me faites, monsieur diafoirus. Vous tĂ©moigner, monsieur, argan. Et jâaurois souhaité⊠monsieur diafoirus. Le ravissement oĂč nous sommes⊠argan. De pouvoir aller chez vous⊠monsieur diafoirus. De la grace que vous nous faites⊠argan. Pour vous en assurer. monsieur diafoirus. De vouloir bien nous recevoir⊠argan. Mais vous savez, monsieur⊠monsieur diafoirus. Dans lâhonneur, monsieur, argan. Ce que câest quâun pauvre malade, monsieur diafoirus. De votre alliance ; argan. Qui ne peut faire autre chose⊠monsieur diafoirus. Et vous assurer⊠argan. Que de vous dire ici⊠monsieur diafoirus. Que, dans les choses qui dĂ©pendront de notre mĂ©tier argan. Quâil cherchera toutes les occasions monsieur diafoirus. De mĂȘme quâen toute autre, argan. De vous faire connoĂźtre, monsieur, monsieur diafoirus. Nous serons toujours prĂȘts, monsieur, argan. Quâil est tout Ă votre service. monsieur diafoirus. Ă vous tĂ©moigner notre zĂšle. Ă son fils. Allons, Thomas, avancez. Faites vos compliments. thomas diafoirus, Ă monsieur Diafoirus[2]. Nâest-ce pas par le pĂšre quâil convient de commencer ? monsieur diafoirus. Oui. thomas diafoirus, Ă Argan. Monsieur, je viens saluer, reconnoĂźtre, chĂ©rir et rĂ©vĂ©rer en vous un second pĂšre, mais un second pĂšre auquel jâose dire que je me trouve plus redevable quâau premier. Le premier mâa engendrĂ© ; mais vous mâavez choisi. Il mâa reçu par nĂ©cessitĂ© ; mais vous mâavez acceptĂ© par grace[3]. Ce que je tiens de lui est un ouvrage de son corps ; mais ce que je tiens de vous est un ouvrage de votre volontĂ© ; et, dâautant plus que les facultĂ©s spirituelles sont au-dessus des corporelles, dâautant plus je vous dois, et dâautant plus je tiens prĂ©cieuse cette future filiation, dont je viens aujourdâhui vous rendre, par avance, les trĂšs humbles et trĂšs respectueux hommages. toinette. Vivent les collĂšges dâoĂč lâon sort si habile homme ! thomas diafoirus, Ă Monsieur Diafoirus. Cela a-t-il bien Ă©tĂ©, mon pĂšre ? monsieur diafoirus. Optime. argan, Ă AngĂ©lique. Allons, saluez monsieur. thomas diafoirus, Ă monsieur Diafoirus. Baiserai-je[4] ? monsieur diafoirus. Oui, oui. thomas diafoirus, Ă AngĂ©lique. Madame, câest avec justice que le ciel vous a concĂ©dĂ© le nom de belle-mĂšre, puisque lâon⊠argan, Ă Thomas Diafoirus. Ce nâest pas ma femme, câest ma fille Ă qui vous parlez. thomas diafoirus. OĂč donc est-elle ? argan. Elle va venir. thomas diafoirus. Attendrai-je, mon pĂšre, quâelle soit venue ? monsieur diafoirus. Faites toujours le compliment de mademoiselle. thomas diafoirus. Mademoiselle, ne plus ne moins que la statue de Memnon rendoit un son harmonieux lorsquâelle venoit Ă ĂȘtre Ă©clairĂ©e des rayons du soleil, tout de mĂȘme me sens-je animĂ© dâun doux transport Ă lâapparition du soleil de vos beautĂ©s[5] ; et, comme les naturalistes remarquent que la fleur nommĂ©e hĂ©liotrope tourne sans cesse vers cet astre du jour, aussi mon cĆur dores-en-avant tournera-t-il toujours vers les astres resplendissants de vos yeux adorables, ainsi que vers son pĂŽle unique. Souffrez donc, mademoiselle, que jâappende aujourdâhui Ă lâautel de vos charmes lâoffrande de ce cĆur qui ne respire et nâambitionne autre gloire que dâĂȘtre toute sa vie, mademoiselle, votre trĂšs humble, trĂšs obĂ©issant, et trĂšs fidĂšle serviteur et mari. toinette. VoilĂ ce que câest que dâĂ©tudier ! on apprend Ă dire de belles choses. argan, Ă ClĂ©ante. HĂ© ! que dites-vous de cela ? clĂ©ante. Que monsieur fait merveilles, et que, sâil est aussi bon mĂ©decin quâil est bon orateur, il y aura plaisir Ă ĂȘtre de ses malades. toinette. AssurĂ©ment. Ce sera quelque chose dâadmirable, sâil fait dâaussi belles cures quâil fait de beaux discours. argan. Allons, vite, ma chaise, et des siĂšges Ă tout le monde. Des laquais donnent des siĂšges. Mettez-vous lĂ , ma fille. Ă monsieur Diafoirus. Vous voyez, monsieur, que tout le monde admire monsieur votre fils ; et je vous trouve bien heureux de vous voir un garçon comme cela. monsieur diafoirus. Monsieur, ce nâest pas parceque je suis son pĂšre ; mais je puis dire que jâai sujet dâĂȘtre content de lui, et que tous ceux qui le voient en parlent comme dâun garçon qui nâa point de mĂ©chancetĂ©. Il nâa jamais eu lâimagination bien vive, ni ce feu dâesprit quâon remarque dans quelques-uns ; mais câest par lĂ que jâai toujours bien augurĂ© de sa judiciaire, qualitĂ© requise pour lâexercice de notre art. Lorsquâil Ă©toit petit, il nâa jamais Ă©tĂ© ce quâon appelle miĂšvre et Ă©veillĂ©. On le voyoit toujours doux, paisible et taciturne, ne disant jamais mot, et ne jouant jamais Ă tous ces petits jeux que lâon nomme enfantins. On eut toutes les peines du monde Ă lui apprendre Ă lire ; et il avoit neuf ans, quâil ne connoissoit pas encore ses lettres. Bon, disois-je en moi-mĂȘme les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits. On grave sur le marbre bien plus malaisĂ©ment que sur le sable ; mais les choses y sont conservĂ©es bien plus longtemps ; et cette lenteur Ă comprendre, cette pesanteur dâimagination, est la marque dâun bon jugement Ă venir. Lorsque je lâenvoyai au collĂšge, il trouva de la peine ; mais il se roidissoit contre les difficultĂ©s ; et ses rĂ©gents se louoient toujours Ă moi de son assiduitĂ© et de son travail. Enfin, Ă force de battre le fer, il en est venu glorieusement Ă avoir ses licences ; et je puis dire, sans vanitĂ©, que, depuis deux ans quâil est sur les bancs, il nây a point de candidat qui ait fait plus de bruit que lui dans toutes les disputes de notre Ă©cole. Il sây est rendu redoutable ; et il ne sây passe point dâacte oĂč il nâaille argumenter Ă outrance pour la proposition contraire. Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne dĂ©mord jamais de son opinion, et poursuit un raisonnement jusque dans les derniers recoins de la logique. Mais, sur toute chose, ce qui me plaĂźt en lui, et en quoi il suit mon exemple, câest quâil sâattache aveuglĂ©ment aux opinions de nos anciens, et que jamais il nâa voulu comprendre ni Ă©couter les raisons et les expĂ©riences des prĂ©tendues dĂ©couvertes de notre siĂšcle, touchant la circulation du sang, et autres opinions de mĂȘme farine. thomas diafoirus, tirant de sa poche une grande thĂšse roulĂ©e, quâil prĂ©sente Ă AngĂ©lique. Jâai, contre les circulateurs, soutenu une thĂšse, quâavec la permission saluant Argan de monsieur, jâose prĂ©senter Ă mademoiselle, comme un hommage que je lui dois des prĂ©mices de mon esprit. angĂ©lique. Monsieur, câest pour moi un meuble inutile, et je ne me connois pas Ă ces choses-lĂ . toinette, prenant la thĂšse. Donnez, donnez. Elle est toujours bonne Ă prendre pour lâimage cela servira Ă parer notre chambre. thomas diafoirus, saluant encore Argan. Avec la permission aussi de monsieur, je vous invite Ă venir voir, lâun de ces jours, pour vous divertir, la dissection dâune femme, sur quoi je dois raisonner[6]. toinette. Le divertissement sera agrĂ©able. Il y en a qui donnent la comĂ©die Ă leurs maĂźtresses ; mais donner une dissection est quelque chose de plus galant. monsieur diafoirus. Au reste, pour ce qui est des qualitĂ©s requises pour le mariage et la propagation, je vous assure que, selon les rĂšgles de nos docteurs, il est tel quâon le peut souhaiter ; quâil possĂšde en un degrĂ© louable la vertu prolifique, et quâil est du tempĂ©rament quâil faut pour engendrer et procrĂ©er des enfants bien conditionnĂ©s. argan. Nâest-ce pas votre intention, monsieur, de le pousser Ă la cour, et dây mĂ©nager pour lui une charge de mĂ©decin ? monsieur diafoirus. Ă vous en parler franchement, notre mĂ©tier auprĂšs des grands ne mâa jamais paru agrĂ©able ; et jâai toujours trouvĂ© quâil valoit mieux pour nous autres demeurer au public. Le public est commode. Vous nâavez Ă rĂ©pondre de vos actions Ă personne ; et, pourvu que lâon suive le courant des rĂšgles de lâart, on ne se met point en peine de tout ce qui peut arriver. Mais ce quâil y a de fĂącheux auprĂšs des grands, câest que, quand ils viennent Ă ĂȘtre malades, ils veulent absolument que leurs mĂ©decins les guĂ©rissent. toinette. Cela est plaisant ! et ils sont bien impertinents de vouloir que, vous autres messieurs, vous les guĂ©rissiez. Vous nâĂȘtes point auprĂšs dâeux pour cela ; vous nây ĂȘtes que pour recevoir vos pensions et leur ordonner des remĂšdes ; câest Ă eux Ă guĂ©rir sâils peuvent. monsieur diafoirus. Cela est vrai. On nâest obligĂ© quâĂ traiter les gens dans les formes. argan, Ă ClĂ©ante. Monsieur, faites un peu chanter ma fille devant la compagnie. clĂ©ante. Jâattendois vos ordres, monsieur ; et il mâest venu en pensĂ©e, pour divertir la compagnie, de chanter avec mademoiselle une scĂšne dâun petit opĂ©ra quâon a fait depuis peu. Ă AngĂ©lique, lui donnant un papier. Tenez, voilĂ votre partie. angĂ©lique. Moi ? clĂ©ante, bas, Ă AngĂ©lique. Ne vous dĂ©fendez point, sâil vous plaĂźt, et me laissez vous faire comprendre ce que câest que la scĂšne que nous devons chanter. Haut. Je nâai pas une voix Ă chanter ; mais ici il suffit que je me fasse entendre ; et lâon aura la bontĂ© de mâexcuser, par la nĂ©cessitĂ© oĂč je me trouve de faire chanter mademoiselle[7]. argan. Les vers en sont-ils beaux ? clĂ©ante. Câest proprement ici un petit opĂ©ra impromptu ; et vous nâallez entendre chanter que de la prose cadencĂ©e, ou des maniĂšres de vers libres, tels que la passion et la nĂ©cessitĂ© peuvent faire trouver Ă deux personnes qui disent les choses dâeux-mĂȘmes, et parlent sur-le-champ. argan. Fort bien. Ăcoutons. clĂ©ante. Voici le sujet de la scĂšne. Un berger Ă©toit attentif aux beautĂ©s dâun spectacle qui ne faisoit que de commencer, lorsquâil fut tirĂ© de son attention par un bruit quâil entendit Ă ses cĂŽtĂ©s. Il se retourne, et voit un brutal qui, de paroles insolentes, maltraitoit une bergĂšre. Dâabord il prend les intĂ©rĂȘts dâun sexe Ă qui tous les hommes doivent hommage ; et, aprĂšs avoir donnĂ© au brutal le chĂątiment de son insolence, il vient Ă la bergĂšre, et voit une jeune personne qui, des deux plus beaux yeux quâil eĂ»t jamais vus, versoit des larmes quâil trouva les plus belles du monde. HĂ©las ! dit-il en lui-mĂȘme, est-on capable dâoutrager une personne si aimable ! Et quel inhumain, quel barbare ne seroit touchĂ© par de telles larmes ? Il prend soin de les arrĂȘter, ces larmes quâil trouve si belles ; et lâaimable bergĂšre prend soin, en mĂȘme temps, de le remercier de son lĂ©ger service, mais dâune maniĂšre si charmante, si tendre et si passionnĂ©e, que le berger nây peut rĂ©sister ; et chaque mot, chaque regard, est un trait plein de flamme dont son cĆur se sent pĂ©nĂ©trĂ©. Est-il, disoit-il, quelque chose qui puisse mĂ©riter les aimables paroles dâun tel remercĂźment ? Et que ne voudroit-on pas faire, Ă quels services, Ă quels dangers ne seroit-on pas ravi de courir, pour sâattirer un seul moment, des touchantes douceurs dâune ame si reconnoissante ? Tout le spectacle passe sans quâil y donne aucune attention ; mais il se plaint quâil est trop court, parcequâen finissant il le sĂ©pare de son adorable bergĂšre ; et, de cette premiĂšre vue, de ce premier moment, il emporte chez lui tout ce quâun amour de plusieurs annĂ©es peut avoir de plus violent. Le voilĂ aussitĂŽt Ă sentir tous les maux de lâabsence, et il est tourmentĂ© de ne plus voir ce quâil a si peu vu. Il fait tout ce quâil peut pour se redonner cette vue, dont il conserve nuit et jour une si chĂšre idĂ©e ; mais la grande contrainte oĂč lâon tient sa bergĂšre lui en ĂŽte tous les moyens. La violence de sa passion le fait rĂ©soudre Ă demander en mariage lâadorable beautĂ© sans laquelle il ne peut plus vivre ; et il en obtient dâelle la permission, par un billet quâil a lâadresse de lui faire tenir. Mais, dans le mĂȘme temps, on lâavertit que le pĂšre de cette belle a conclu son mariage avec un autre, et que tout se dispose pour en cĂ©lĂ©brer la cĂ©rĂ©monie. Jugez quelle atteinte cruelle au cĆur de ce triste berger ! Le voilĂ accablĂ© dâune mortelle douleur ; il ne peut souffrir lâeffroyable idĂ©e de voir tout ce quâil aime entre les bras dâun autre ; et son amour, au dĂ©sespoir, lui fait trouver moyen de sâintroduire dans la maison de sa bergĂšre pour apprendre ses sentiments, et savoir dâelle la destinĂ©e Ă laquelle il doit se rĂ©soudre. Il y rencontre les apprĂȘts de tout ce quâil craint ; il y voit venir lâindigne rival que le caprice dâun pĂšre oppose aux tendresses de son amour ; il le voit triomphant, ce rival ridicule, auprĂšs de lâaimable bergĂšre, ainsi quâauprĂšs dâune conquĂȘte qui lui est assurĂ©e ; et cette vue le remplit dâune colĂšre dont il a peine Ă se rendre le maĂźtre. Il jette de douloureux regards sur celle quâil adore ; et son respect et la prĂ©sence de son pĂšre lâempĂȘchent de lui rien dire que des yeux. Mais enfin il force toute contrainte, et le transport de son amour lâoblige Ă lui parler ainsi Il chante. Belle Philis, câest trop, câest trop souffrir ; Rompons ce dur silence, et mâouvrez vos pensĂ©es. Apprenez-moi ma destinĂ©e Faut-il vivre ? Faut-il mourir ? angĂ©lique, en chantant. Vous me voyez, Tircis, triste et mĂ©lancolique, Aux apprĂȘts de lâhymen dont vous vous alarmez Je lĂšve au ciel les yeux, je vous regarde, je soupire Câest vous en dire assez. argan. Ouais ! je ne croyois pas que ma fille fĂ»t si habile, que de chanter ainsi Ă livre ouvert, sans hĂ©siter. clĂ©ante. HĂ©las ! belle Philis, Se pourroit-il que lâamoureux Tircis EĂ»t assez de bonheur Pour avoir quelque place dans votre cĆur ? angĂ©lique. Je ne mâen dĂ©fends point dans cette peine extrĂȘme Oui, Tircis, je vous aime. clĂ©ante. Ă parole pleine dâappas ! Ai-je bien entendu ? HĂ©las ! Redites-la, Philis ; que je nâen doute pas. angĂ©lique. Oui, Tircis, je vous aime. clĂ©ante. De grace, encor, Philis ! angĂ©lique. Je vous aime. clĂ©ante. Recommencez cent fois ; ne vous en lassez pas. angĂ©lique. Je vous aime, je vous aime ; Oui, Tircis, je vous aime. clĂ©ante. Dieux, rois, qui sous vos pieds regardez tout le monde, Pouvez-vous comparer votre bonheur au mien ? Mais, Philis, une pensĂ©e Vient troubler ce doux transport. Un rival, un rival⊠angĂ©lique. Ah ! je le hais plus que la mort ; Et sa prĂ©sence, ainsi quâĂ vous, Mâest un cruel supplice. clĂ©ante. Mais un pĂšre Ă ses vĆux vous veut assujettir. angĂ©lique. PlutĂŽt, plutĂŽt mourir, Que de jamais y consentir ; PlutĂŽt, plutĂŽt mourir, plutĂŽt mourir ! argan. Et que dit le pĂšre Ă tout cela ? clĂ©ante. Il ne dit rien. argan. VoilĂ un sot pĂšre que ce pĂšre-lĂ , de souffrir toutes ces sottises-lĂ sans rien dire ! clĂ©ante, voulant continuer Ă chanter. Ah ! mon amour⊠argan. Non, non ; en voilĂ assez. Cette comĂ©die-lĂ est de fort mauvais exemple. Le berger Tircis est un impertinent, et la bergĂšre Philis une impudente de parler de la sorte devant son pĂšre. Ă AngĂ©lique. Montrez-moi ce papier. Ah ! ah ! oĂč sont donc les paroles que vous avez dites ? Il nây a lĂ que de la musique Ă©crite. clĂ©ante. Est-ce que vous ne savez pas, monsieur, quâon a trouvĂ©, depuis peu, lâinvention dâĂ©crire les paroles avec les notes mĂȘmes ? argan. Fort bien. Je suis votre serviteur, monsieur ; jusquâau revoir. Nous nous serions bien passĂ©s de votre impertinent dâopĂ©ra. clĂ©ante. Jâai cru vous divertir. argan. Les sottises ne divertissent point. Ah ! voici ma femme. ScĂšne VII. BĂLINE, ARGAN, ANGĂLIQUE, MONSIEUR DIAFOIRUS, THOMAS DIAFOIRUS, TOINETTE. argan. Mâamour, voilĂ le fils de monsieur Diafoirus. thomas diafoirus. Madame, câest avec justice que le ciel vous a concĂ©dĂ© le nom de belle-mĂšre, puisque lâon voit sur votre visage⊠bĂ©line. Monsieur, je suis ravie dâĂȘtre venue ici Ă propos, pour avoir lâhonneur de vous voir. thomas diafoirus. Puisque lâon voit sur votre visage⊠puisque lâon voit sur votre visage⊠Madame, vous mâavez interrompu dans le milieu de ma pĂ©riode, et cela mâa troublĂ© la mĂ©moire. monsieur diafoirus. Thomas, rĂ©servez cela pour une autre fois. argan. Je voudrois, ma mie, que vous eussiez Ă©tĂ© ici tantĂŽt. toinette. Ah ! madame, vous avez bien perdu de nâavoir point Ă©tĂ© au second pĂšre, Ă la statue de Memnon, et Ă la fleur nommĂ©e hĂ©liotrope. argan. Allons, ma fille, touchez dans la main de monsieur, et lui donnez votre foi, comme Ă votre mari. angĂ©lique. Mon pĂšre ! argan. HĂ© bien ! mon pĂšre ! Quâest-ce que cela veut dire ? angĂ©lique. De grace, ne prĂ©cipitez pas les choses. Donnez-nous au moins le temps de nous connoĂźtre, et de voir naĂźtre en nous, lâun pour lâautre, cette inclination si nĂ©cessaire Ă composer une union parfaite. thomas diafoirus. Quant Ă moi, mademoiselle, elle est dĂ©jĂ toute nĂ©e en moi ; et je nâai pas besoin dâattendre davantage. angĂ©lique. Si vous ĂȘtes si prompt, monsieur, il nâen est pas de mĂȘme de moi ; et je vous avoue que votre mĂ©rite nâa pas encore assez fait dâimpression dans mon ame. argan. Oh ! bien, bien ; cela aura tout le loisir de se faire quand vous serez mariĂ©s ensemble. angĂ©lique. HĂ© ! mon pĂšre, donnez-moi du temps, je vous prie. Le mariage est une chaĂźne oĂč lâon ne doit jamais soumettre un cĆur par force ; et, si monsieur est honnĂȘte homme, il ne doit point vouloir accepter une personne qui seroit Ă lui par contrainte. thomas diafoirus. Nego consequentiam, mademoiselle ; et je puis ĂȘtre honnĂȘte homme, et vouloir bien vous accepter des mains de monsieur votre pĂšre. angĂ©lique. Câest un mĂ©chant moyen de se faire aimer de quelquâun, que de lui faire violence. thomas diafoirus. Nous lisons des anciens, mademoiselle, que leur coutume Ă©toit dâenlever par force, de la maison des pĂšres, les filles quâon menoit marier, afin quâil ne semblĂąt pas que ce fĂ»t de leur consentement quâelles convoloient dans les bras dâun homme. angĂ©lique. Les anciens, monsieur, sont les anciens ; et nous sommes les gens de maintenant. Les grimaces ne sont point nĂ©cessaires dans notre siĂšcle ; et, quand un mariage nous plaĂźt, nous savons fort bien y aller, sans quâon nous y traĂźne. Donnez-vous patience ; si vous mâaimez, monsieur, vous devez vouloir tout ce que je veux. thomas diafoirus. Oui, mademoiselle, jusquâaux intĂ©rĂȘts de mon amour exclusivement. angĂ©lique. Mais la grande marque dâamour, câest dâĂȘtre soumis aux volontĂ©s de celle quâon aime. thomas diafoirus. Distinguo, mademoiselle. Dans ce qui ne regarde point sa possession, concedo ; mais dans ce qui la regarde, nego. toinette, Ă AngĂ©lique. Vous avez beau raisonner. Monsieur est frais Ă©moulu du collĂšge ; et il vous donnera toujours votre reste. Pourquoi tant rĂ©sister, et refuser la gloire dâĂȘtre attachĂ©e au corps de la FacultĂ© ? bĂ©line. Elle a peut-ĂȘtre quelque inclination en tĂȘte. angĂ©lique. Si jâen avois, madame, elle seroit telle que la raison et lâhonnĂȘtetĂ© pourroient me la permettre. argan. Ouais ! je joue ici un plaisant personnage ! bĂ©line. Si jâĂ©tois que de vous, mon fils, je ne la forcerois point Ă se marier ; et je sais bien ce que je ferois. angĂ©lique. Je sais, madame, ce que vous voulez dire, et les bontĂ©s que vous avez pour moi ; mais peut-ĂȘtre que vos conseils ne seront pas assez heureux pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©s. bĂ©line. Câest que les filles bien sages et bien honnĂȘtes, comme vous, se moquent dâĂȘtre obĂ©issantes et soumises aux volontĂ©s de leurs pĂšres. Cela Ă©toit bon autrefois. angĂ©lique. Le devoir dâune fille a des bornes, madame ; et la raison et les lois ne lâĂ©tendent point Ă toutes sortes de choses. bĂ©line. Câest-Ă -dire que vos pensĂ©es ne sont que pour le mariage ; mais vous voulez choisir un Ă©poux Ă votre fantaisie. angĂ©lique. Si mon pĂšre ne veut pas me donner un mari qui me plaise, je le conjurerai, au moins, de ne me point forcer Ă en Ă©pouser un que je ne puisse pas aimer. argan. Messieurs, je vous demande pardon de tout ceci. angĂ©lique. Chacun a son but en se mariant. Pour moi, qui ne veux un mari que pour lâaimer vĂ©ritablement, et qui prĂ©tends en faire tout lâattachement de ma vie, je vous avoue que jây cherche quelque prĂ©caution. Il y en a dâaucunes qui prennent des maris seulement pour se tirer de la contrainte de leurs parents, et se mettre en Ă©tat de faire tout ce quâelles voudront. Il y en a dâautres, madame, qui font du mariage un commerce de pur intĂ©rĂȘt ; qui ne se marient que pour gagner des douaires, que pour sâenrichir par la mort de ceux quâelles Ă©pousent, et courent sans scrupules de mari en mari, pour sâapproprier leurs dĂ©pouilles. Ces personnes-lĂ , Ă la vĂ©ritĂ©, nây cherchent pas tant de façons, et regardent peu Ă la personne. bĂ©line. Je vous trouve aujourdâhui bien raisonnante, et je voudrois bien savoir ce que vous voulez dire par lĂ . angĂ©lique. Moi, madame ? Que voudrois-je dire que ce que je dis ? bĂ©line. Vous ĂȘtes si sotte, ma mie, quâon ne sauroit plus vous souffrir. angĂ©lique. Vous voudriez bien, madame, mâobliger Ă vous rĂ©pondre quelque impertinence ; mais je vous avertis que vous nâaurez pas cet avantage. bĂ©line. Il nâest rien dâĂ©gal Ă votre insolence. angĂ©lique. Non, madame, vous avez beau dire. bĂ©line. Et vous avez un ridicule orgueil, une impertinente prĂ©somption qui fait hausser les Ă©paules Ă tout le monde. angĂ©lique. Tout cela, madame, ne servira de rien. Je serai sage en dĂ©pit de vous ; et, pour vous ĂŽter lâespĂ©rance de pouvoir rĂ©ussir dans ce que vous voulez, je vais mâĂŽter de votre vue. ScĂšne VIII. ARGAN, BĂLINE, MONSIEUR DIAFOIRUS, THOMAS DIAFOIRUS, TOINETTE. argan, Ă AngĂ©lique, qui sort. Ăcoute. Il nây a point de milieu Ă cela choisis dâĂ©pouser dans quatre jours ou monsieur, ou un couvent. Ă BĂ©line. Ne vous mettez pas en peine je la rangerai bien. bĂ©line. Je suis fĂąchĂ©e de vous quitter, mon fils ; mais jâai une affaire en ville, dont je ne puis me dispenser. Je reviendrai bientĂŽt. argan. Allez, mâamour ; et passez chez votre notaire, afin quâil expĂ©die ce que vous savez. bĂ©line. Adieu, mon petit ami. argan. Adieu, ma mie. ScĂšne IX. ARGAN, MONSIEUR DIAFOIRUS, THOMAS DIAFOIRUS, TOINETTE. argan. VoilĂ une femme qui mâaime⊠cela nâest pas croyable. monsieur diafoirus. Nous allons, monsieur, prendre congĂ© de vous. argan. Je vous prie, monsieur, de me dire un peu comment je suis. monsieur diafoirus, tĂątant le pouls dâArgan. Allons, Thomas, prenez lâautre bras de monsieur, pour voir si vous saurez porter un bon jugement de son pouls. Quid dicis ? thomas diafoirus. Dico que le pouls de monsieur est le pouls dâun homme qui ne se porte point bien. monsieur diafoirus. Bon. thomas diafoirus. Quâil est duriuscule, pour ne pas dire dur. monsieur diafoirus. Fort bien. thomas diafoirus. Repoussant. monsieur diafoirus. Bene. thomas diafoirus. Et mĂȘme un peu caprisant. monsieur diafoirus. Optime. thomas diafoirus. Ce qui marque une intempĂ©rie dans le parenchyme splĂ©nique, câest-Ă -dire la rate. monsieur diafoirus. Fort bien. argan. Non monsieur Purgon dit que câest mon foie qui est malade. monsieur diafoirus. Eh oui qui dit parenchyme dit lâun et lâautre, Ă cause de lâĂ©troite sympathie quâils ont ensemble par le moyen du vas breve, du pylore, et souvent des mĂ©ats cholidoques. Il vous ordonne sans doute de manger force rĂŽti. argan. Non ; rien que du bouilli. monsieur diafoirus. Eh oui rĂŽti, bouilli, mĂȘme chose. Il vous ordonne fort prudemment, et vous ne pouvez ĂȘtre entre de meilleures mains. argan. Monsieur, combien est-ce quâil faut mettre de grains de sel dans un Ćuf ? monsieur diafoirus. Six, huit, dix, par les nombres pairs, comme dans les mĂ©dicaments, par les nombres impairs. argan. Jusquâau revoir, monsieur. ScĂšne X. BĂLINE, ARGAN. bĂ©line. Je viens, mon fils, avant que de sortir, vous donner avis dâune chose, Ă laquelle il faut que vous preniez garde. En passant par devant la chambre dâAngĂ©lique, jâai vu un jeune homme avec elle qui sâest sauvĂ© dâabord quâil mâa vue. argan. Un jeune homme avec ma fille ! bĂ©line. Oui. Votre petite fille Louison Ă©toit avec eux, qui pourra vous en dire des nouvelles. argan. Envoyez-la ici, mâamour, envoyez-la ici. Ah ! lâeffrontĂ©e ! Seul. Je ne mâĂ©tonne plus de sa rĂ©sistance. ScĂšne XI. ARGAN, LOUISON. louison. Quâest-ce que vous voulez, mon papa ? ma belle-maman mâa dit que vous me demandez. argan. Oui. Venez çà . Avancez lĂ . Tournez-vous. Levez les yeux. Regardez-moi. HĂ© ? louison. Quoi, mon papa ? argan. LĂ . louison. Quoi ? argan. Nâavez-vous rien Ă me dire ? louison. Je vous dirai, si vous voulez, pour vous dĂ©sennuyer, le conte de Peau dâĂne, ou bien la fable du Corbeau et du Renard, quâon mâa apprise depuis peu[8]. argan. Ce nâest pas lĂ ce que je demande. louison. Quoi donc ? argan. Ah ! rusĂ©e, vous savez bien ce que je veux dire ! louison. Pardonnez-moi, mon papa. argan. Est-ce lĂ comme vous mâobĂ©issez ? louison. Quoi ? argan. Ne vous ai-je pas recommandĂ© de me venir dire dâabord tout ce que vous voyez ? louison. Oui, mon papa. argan. Lâavez-vous fait ? louison. Oui, mon papa. Je vous suis venue dire tout ce que jâai vu. argan. Et nâavez-vous rien vu aujourdâhui ? louison. Non, mon papa. argan. Non ? louison. Non, mon papa. argan. AssurĂ©ment ? louison. AssurĂ©ment. argan. Oh çà , je mâen vais vous faire voir quelque chose, moi. louison, voyant une poignĂ©e de verges quâArgan a Ă©tĂ© prendre. Ah ! mon papa ! argan. Ah ! ah ! petite masque, vous ne me dites pas que vous avez vu un homme dans la chambre de votre sĆur ! louison, pleurant. Mon papa ! argan, prenant Louison par le bras. Voici qui vous apprendra Ă mentir. louison, se jetant Ă genoux. Ah ! mon papa, je vous demande pardon. Câest que ma sĆur mâavoit dit de ne pas vous le dire ; mais je mâen vais vous dire tout. argan. Il faut premiĂšrement que vous ayez le fouet pour avoir menti. Puis aprĂšs nous verrons au reste. louison. Pardon, mon papa. argan. Non, non. louison. Mon pauvre papa, ne me donnez pas le fouet. argan. Vous lâaurez. louison. Au nom de Dieu, mon papa, que je ne lâaie pas ! argan, voulant la fouetter. Allons, allons. louison. Ah ! mon papa, vous mâavez blessĂ©e. Attendez je suis morte. Elle contrefait la morte. argan. HolĂ ! Quâest-ce lĂ ? Louison, Louison ! Ah ! mon Dieu ! Louison ! Ah ! ma fille ! Ah ! malheureux ! ma pauvre fille est morte ! Quâai-je fait, misĂ©rable ! Ah ! chiennes de verges ! La peste soit des verges ! Ah ! ma pauvre fille, ma pauvre petite Louison ! louison. LĂ , lĂ , mon papa, ne pleurez point tant je ne suis pas morte tout Ă fait. argan. Voyez-vous la petite rusĂ©e ? Oh çà , çà , je vous pardonne pour cette fois-ci, pourvu que vous me disiez bien tout. louison. Oh ! oui, mon papa. argan. Prenez-y bien garde, au moins ; car voilĂ un petit doigt qui sait tout, et qui me dira si vous mentez. louison. Mais, mon papa, ne dites pas Ă ma sĆur que je vous lâai dit. argan. Non, non. louison, aprĂšs avoir Ă©coutĂ© si personne nâĂ©coute. Câest, mon papa, quâil est venu un homme dans la chambre de ma sĆur comme jây Ă©tois. argan. HĂ© bien ? louison. Je lui ai demandĂ© ce quâil demandoit, et il mâa dit quâil Ă©toit son maĂźtre Ă chanter. argan, Ă part. Hom ! hom ! voilĂ lâaffaire. Ă Louison. HĂ© bien ? louison. Ma sĆur est venue aprĂšs. argan. HĂ© bien ? louison. Elle lui a dit Sortez, sortez, sortez. Mon Dieu, sortez ; vous me mettez au dĂ©sespoir. argan. HĂ© bien ? louison. Et lui, il ne vouloit pas sortir. argan. Quâest-ce quâil lui disoit ? louison. Il lui disoit je ne sais combien de choses. argan. Et quoi encore ? louison. Il lui disoit tout-ci, tout-ça, quâil lâaimoit bien, et quâelle Ă©toit la plus belle du monde. argan. Et puis aprĂšs ? louison. Et puis aprĂšs, il se mettoit Ă genoux devant elle. argan. Et puis aprĂšs ? louison. Et puis aprĂšs, il lui baisoit les mains. argan. Et puis aprĂšs ? louison. Et puis aprĂšs, ma belle-maman est venue Ă la porte, et il sâest enfui. argan. Il nây a point autre chose ? louison. Non, mon papa. argan. VoilĂ mon petit doigt pourtant qui gronde quelque chose. Mettant son doigt Ă son oreille. Attendez. HĂ© ! Ah, ah ! Oui ? Oh, oh ! VoilĂ mon petit doigt qui me dit quelque chose que vous avez vu, et que vous ne mâavez pas dit. louison. Ah ! mon papa, votre petit doigt est un menteur. argan. Prenez garde. louison. Non, mon papa ; ne le croyez pas il ment, je vous assure. argan. Oh bien, bien, nous verrons cela. Allez-vous-en, et prenez bien garde Ă tout allez. Seul. Ah ! il nây a plus dâenfants ! Ah ! que dâaffaires ! Je nâai pas seulement le loisir de songer Ă ma maladie. En vĂ©ritĂ©, je nâen puis plus. Il se laisse tomber dans une chaise. ScĂšne XII. BĂRALDE, ARGAN bĂ©ralde. HĂ© bien, mon frĂšre ! quâest-ce ? Comment vous portez-vous ? argan. Ah ! mon frĂšre, fort mal. bĂ©ralde. Comment ! fort mal ? argan. Oui, je suis dans une foiblesse si grande, que cela nâest pas croyable. bĂ©ralde. VoilĂ qui est fĂącheux. argan. Je nâai pas seulement la force de pouvoir parler. bĂ©ralde. JâĂ©tois venu ici, mon frĂšre, vous proposer un parti pour ma niĂšce AngĂ©lique. argan, parlant avec emportement, et se levant de sa chaise. Mon frĂšre, ne me parlez point de cette coquine-lĂ . Câest une friponne, une impertinente, une effrontĂ©e, que je mettrai dans un couvent avant quâil soit deux jours. bĂ©ralde. Ah ! voilĂ qui est bien ! Je suis bien aise que la force vous revienne un peu, et que ma visite vous fasse du bien. Oh çà , nous parlerons dâaffaires tantĂŽt. Je vous amĂšne ici un divertissement que jâai rencontrĂ©, qui dissipera votre chagrin, et vous rendra lâame mieux disposĂ©e aux choses que nous avons Ă dire. Ce sont des Ăgyptiens vĂȘtus en Mores, qui font des danses mĂȘlĂ©es de chansons, oĂč je suis sĂ»r que vous prendrez plaisir ; et cela vaudra bien une ordonnance de monsieur Purgon. Allons[9]. SECOND INTERMĂDE. Le frĂšre du Malade imaginaire lui amĂšne, pour le divertir, plusieurs Ăgyptiens et Ăgyptiennes, vĂȘtus en Mores, qui font des danses entremĂȘlĂ©es de chansons. premiĂšre femme more. Profitez du printemps De vos beaux ans, Aimable jeunesse ; Profitez du printemps De vos beaux ans ; Donnez-vous Ă la tendresse. Les plaisirs les plus charmants, Sans lâamoureuse flamme, Pour contenter une ame, Nâont point dâattraits assez puissants. Profitez du printemps De vos beaux ans, Aimable jeunesse ; Profitez du printemps De vos beaux ans ; Donnez-vous Ă la tendresse. Ne perdez point ces prĂ©cieux moments. La beautĂ© passe, Le temps lâefface ; LâĂąge de glace Vient Ă sa place, Qui nous ĂŽte le goĂ»t de ces doux passe-temps. Profitez du printemps De vos beaux ans, Aimable jeunesse ; Profitez du printemps De vos beaux ans ; Donnez-vous Ă la tendresse. PREMIĂRE ENTRĂE DE BALLET. Danse des Ăgyptiens et des Ăgyptiennes. seconde femme more. Quand dâaimer on nous presse, Ă quoi songez-vous ? Nos cĆurs, dans la jeunesse, Nâont vers la tendresse Quâun penchant trop doux. Lâamour a, pour nous prendre, De si doux attraits, Que, de soi, sans attendre, On voudroit se rendre Ă ses premiers traits ; Mais tout ce quâon Ă©coute Des vives douleurs Et des pleurs quâil nous coĂ»te, Fait quâon en redoute Toutes les douceurs. troisiĂšme femme more. Il est doux, Ă notre Ăąge, Dâaimer tendrement Un amant Qui sâengage ; Mais, sâil est volage, HĂ©las ! quel tourment ! quatriĂšme femme more. Lâamant qui se dĂ©gage Nâest pas le malheur ; La douleur Et la rage, Câest que le volage Garde notre cĆur. seconde femme more. Quel parti faut-il prendre Pour nos jeunes cĆurs ? quatriĂšme femme more. Devons-nous nous y rendre, MalgrĂ© ses rigueurs ? ensemble. Oui, suivons ses ardeurs, Ses transports, ses caprices, Ses douces langueurs Sâil a quelques supplices, Il a cent dĂ©lices Qui charment les cĆurs. DEUXIĂME ENTRĂE DE BALLET. Tous les Mores dansent ensemble, et font sauter des singes quâils ont amenĂ©s avec eux. fin du second acte. â Ătre engendrĂ©, pour avoir un gendre. MoliĂšre sâest dĂ©jĂ servi du mot engendrĂ© dans lâĂtourdi, acte II, scĂšne VI. â Ici lâĂ©dition originale place cette indication Thomas Diafoirus est un grand benĂȘt, nouvellement sorti des Ă©coles, qui fait toutes choses de mauvaise grace et Ă contre-temps. » â Thomas Diafoirus connaĂźt ses auteurs, et il les met Ă contribution. Ce dĂ©but de son compliment Ă Argan semble imitĂ© dâun passage du discours de CicĂ©ron, Ad Quirites, post redditum A parentibus, id quod necesse erat, parvus sum procreatus a vobis natus sum consularis. Illi mihi fratrem incognitum, qualis futurus esset, dederunt vos spectatum et incredibili pietate cognitum reddidistis. » Auger. â Les auteurs de lâHistoire du Théùtre françois ont trouvĂ©, dans les registres de MoliĂšre, les titres de diffĂ©rentes farces attribuĂ©es Ă MoliĂšre. Le grand BenĂȘt de fils, jouĂ© en 1664, leur paraĂźt ĂȘtre le modĂšle dâaprĂšs lequel il a fait son rĂŽle de Thomas Diafoirus. En effet, le baiserai-je ? et quelques autres traits de ce genre, ont bien lâair dâavoir appartenu au grand BenĂȘt de fils. â LâabbĂ© dâAubignac, dans une dissertation contre Corneille, oĂč lâon retrouve le ton et le style de Thomas Diafoirus, dĂ©bute ainsi Corneille avoit condamnĂ© sa muse dramatique au silence ; mais, Ă lâexemple de la statue de Memnon, qui rendoit ses oracles sitĂŽt que le soleil la touchoit de ses rayons, il a repris la voix Ă lâĂ©clat de lâor dâun grand ministre. » Il est probable que MoliĂšre a voulu se moquer dans ce passage du style de lâabbĂ©. AimĂ© Martin. â Cette plaisanterie est Ă©videmment imitĂ©e des Plaideurs de Racine, oĂč Dandin propose Ă Isabelle de lui faire passer une heure ou deux Ă voir donner sa question. Bret. â MoliĂšre a successivement reproduit cette situation dans lâĂtourdi, lâĂcole des Maris, lâAmour mĂ©decin, le Sicilien, lâAvare. â Perrault ne publia le conte Peau dâĂne quâen 1694. Il le recueillit de la bouche des nourrices et des petits enfants, comme le constate ce passage de MoliĂšre Ă©crit en 1673, et comme on peut le voir dans le Recueil des piĂšces curieuses et nouvelles, tant en prose quâen vers. La Haye, 1694, tome II, p. 21, etc. â BĂ©ralde est, comme lâAriste de lâĂcole des Maris, celui des Femmes savantes et le ClĂ©ante du Tartuffe, un de ces frĂšres ou beaux-frĂšres dont lâĂ©loquente raison vient combattre la manie du principal presonnage, et secourir deux amants dont cette manie menace de dĂ©truire le bonheur. Auger.